Tout ne va pas toujours mal. L’arrivée de Noël ravive tous les espoirs, également au cinéma. C’est le temps des Feel good movies. Dans La Belle Epoque, Nicolas Bedos met à la fois tout son amour et son regard critique dans l’histoire d’un homme vieillissant et désaimé dans un monde qu’il ne comprend plus. Son fils lui organise un voyage dans le temps, une recherche du temps et de l’amour perdu. Ce n’est pas de la science-fiction, c’est un jeu d’acteurs bien scénarisé qui le transporte au moment magique de la première rencontre avec celle qui sera la femme de sa vie. Les personnages du film portent l’empreinte du couple parental Bedos et du propre rapport complexe du fils à l’amour et à la création. C’est un film ode à l’amour qui se recrée toujours avec liberté. Lire la suite
Un automne au cinéma qui déborde
Après Joker, J’accuse et les Misérables, il fallait accuser le coup et, au-delà du plaisir cathartique et distancié devant une représentation certes réaliste mais plus ou moins fictionnelle, prendre dans la face cette réalité sans pause: le mépris humilie, l’indifférence tue. Il est toujours abasourdissant de lire, de voir, d’entendre à quel point les mêmes schémas de violence trouvent à s’infiltrer dans toutes sortes de milieux, dans toutes sortes de relations. Même conscients de l’inhumanité immanente de l’humanité, pouvons-nous nous en préserver? Et – forcément mordus à plusieurs reprises – pouvons-nous ne pas devenir loup ou serpent à notre tour? Nous sommes tous des Bêtes humaines. Et on fait ce qu’on peut. Avec ça.
Motherlove, maladie, mort
Rive-Neuve. Quand la guérison n’est plus l’horizon. On y entre et on n’en sort en principe pas vivant. On y entre pour mourir dignement parce qu’il y a la vue panoramique et que les gens sont gentils. C’est ton troisième séjour. Toi, tu résistes. Ou tu es résiliente, c’est selon.
La cuisine y est raffinée. De toute façon, tu ne peux rien manger. Quels fils te tiennent en vie ? Des tubes. Des aiguilles. Des tuyaux. Des sacs. Ta chair se retire, tes organes t’abandonnent. Ta peau a les marques qui nous angoissaient quand on était jeune et qu’on lisait Les Nuits fauves. Ici, ce n’est que jour blanc. Lire la suite
Entrechat. Un texte non-publié écrit pour Chairissons-n❤️us!
Cheri Cheri Lady, Going through a motion
Love is where you find it, Listen to your heart
Modern Talking, Cheri Cheri Lady
Emerger de la musique. Elle est concrète, audible, dansable, palpable, elle offre son cocon au corps qui se déplie, se délie à son contact. Toutes mes origines, toutes mes directions sont dans ma playlist. Les mouvements des mots et des corps, cela a toujours été pareil. On peut les explorer, les expérimenter, les apprendre, les travailler, les utiliser. Les aimer, les désaimer. Les tordre. Puis un jour, peut-être, en jouer, en jouir. Les faire jaillir. Les mots se lient, se répondent et s’entrechoquent comme les corps, c’est une question de chorégraphie. On aimerait donner corps aux mots et poétiser les corps avec la même ferveur. Lire la suite
« Chatoiements », nouvelle, dans « Chairissons-n❤us ! »
Pour la reprise de mon blog je suis ravie de pouvoir présenter le dernier ouvrage de Stéphanie Pahud, linguiste réputée, chercheuse rigoureuse et amie prodigieuse. Dans les récents articles et interviews qui lui ont été consacrés, elle explique son intention. Avec l’invention du mot « chairir » et la création de son objet-livre, elle a voulu explorer « des pistes pour mettre de la bienveillance, de l’attention et du soin des vulnérabilités dans nos quotidiens, mais sans éliminer le corps. » Lire la suite
Jamie Cullum, l’homme qui jouait debout sur le piano
Jamie Cullum se produisait pour la cinquième fois en quatorze ans au Festival de Jazz de Montreux ce vendredi 13 juillet. J’ai eu la chance de le découvrir sur scène dès 2004 à la sortie de Twentysomething. Cela a toujours été un moment de grâce. Bondissant sur son piano, utilisant ses touches et ses entrailles, c’était comme s’il communiquait plus de rythme, plus de musique que d’autres. Ce don, il ne l’a pas perdu. Lire la suite
Dans sea, sex and sun, Sexo-Rallye (zénith, ressuscite, petite, dynamite, surexcite, bakélite, s’agite), ma troisième nouvelle publiée à la Musardine
Il fait chaud. Dans l’idée d’avoir encore plus chaud sous le soleil exactement, la Musardine vient de publier son dernier livre de la série Osez 20 Histoires. « Sea, sex & sun, chantait Gainsbourg à la fin des années 1970 dans une France insouciante et joyeuse. Portées par un vent de liberté qui a traversé les décennies, les notes de cette mélodie populaire imprègnent chaque page de ce nouveau recueil de la collection » Osez 20 histoires « , dit la présentation de l’éditeur. Lire la suite
Avant sea, sex and sun, La Plage
Juste avant la sortie du prochain ouvrage de la Collection Osez 20 Histoires sur le thème de Sea, sex and sun dans lequel moult vacances de rêve et de sensations seront certainement évoquées, voici un petit commentaire sur le film La Plage (2000) avec Leonardo Di Caprio. Malgré quelques faiblesses et longueurs, sa valeur cinématographique me paraît sous-estimée et je n’ai pas honte de le montrer à des jeunes qui interrogent la notion d’eldorado et de meilleur des mondes possibles. Il illustre en effet de façon radicale que l’acharnement à vouloir mettre en pratique un idéal entraîne bien plus souvent une dystopie qu’une utopie. Lire la suite
« Un seul cœur aura battu en nous qu’on entendra encore, nous disparus, dans le mystère du monde. » – La correspondance d’Albert Camus et de Maria Casarès 1944-1959.
1266 pages de lettres qui se terminent sur je recommencerai et dont on aimerait tellement poursuivre l’échange, voilà ce que représentent les quinze ans de correspondance entre le grand auteur Albert Camus et la grande tragédienne Maria Casarès. Succès éditorial fascinant, leurs lettres publiées en octobre 2017 et préfacées par Catherine Camus, fille d’Albert (« Leurs lettres font que la terre est plus vaste, l’espace plus lumineux, l’air plus léger, simplement parce qu’ils ont existé »), font rentrer le lecteur par effraction dans une intimité et son expression de haut vol. Lire la suite
Littérature romande : La Surnommeuse de Pascal Houmard
Du texte latin au roman policier, les mêmes mécanismes mentaux sont en cause a écrit George Arnaud dans la préface au fameux Meurtre de Roger Ackroyd d’Agatha Christie. Peut-être est-ce ce goût de l’imbrication logique qui a amené mon collègue d’un autre collège à écrire des romans policiers. Avec succès, puisque La Surnommeuse a paru en 2017 aux éditions Mon Village et qu’il sera suivi d’un deuxième volume de la série les Enquêtes de Crystal dans le courant de l’année. Lire la suite