Avant sea, sex and sun, La Plage

La_PlageJuste avant la sortie du prochain ouvrage de la Collection Osez 20 Histoires sur le thème de Sea, sex and sun dans lequel moult vacances de rêve et de sensations seront certainement évoquées, voici un petit commentaire sur le film La Plage (2000) avec Leonardo Di Caprio. Malgré quelques faiblesses et longueurs, sa valeur cinématographique me paraît sous-estimée et je n’ai pas honte de le montrer à des jeunes qui interrogent la notion d’eldorado et de meilleur des mondes possibles. Il illustre en effet de façon radicale que l’acharnement à vouloir mettre en pratique un idéal entraîne bien plus souvent une dystopie qu’une utopie.

Le personnage de Richard est en quête d’absolu, de perfection, et ne trouve pas de sens à sa vie le long des traces pour touristes. Il aspire à autre chose. En même temps, son addiction aux jeux vidéo le renferme et le conforte dans une sorte de monde parallèle. Il incarne un jeune occidental de notre temps, sans repères ni perspectives. Avec le couple Etienne et Françoise, il constitue la forme classique du triangle amoureux : Richard désire Françoise d’autant plus qu’elle est avec Etienne.

Le film est constitué de plusieurs étapes qui correspondent à une scénographie très différente. La ville de Bangkok, noire, bruyante, violente et sale, est présentée comme un enfer. Le personnage de Daffy surgi comme un diable de sa boîte ne cessera de venir hanter Richard. Le voyage, avec ses paysages changeants, les emmène dans une nature à la fois de plus en plus belle et dangereuse, constitue une étape intermédiaire. Une fois la destination atteinte, l’île offre par contraste une vie paradisiaque dont les éléments constitutifs sont : une communauté pacifique, de la nourriture en abondance, des paysages enchanteurs, l’accomplissement du désir de Richard avec Françoise, la réaction non-violente d’Etienne qui accepte leur relation. Cette communauté ouverte qui a tout incarne l’idéal hippie, voire l’accomplissement du mythe de l’Age d’or.

Cependant, la phrase « Nous étions intouchables dans notre bonheur » annonce qu’il ne durera sans doute pas. En effet, le bonheur est, semble-t-il, toujours éphémère. Plusieurs événements viennent perturber et mettre gravement en danger l’équilibre de l’île et de ses habitants : l’attaque de requins, le riz infesté, l’arrivée des Américains. Ces événements mettent en lumière les aspects les plus sombres de la nature humaine : le manque d’empathie et la cruauté à l’égard des malades et des blessés, le peu de respect des sentiments des uns et des autres. Le personnage de Sal, qui exerce un ascendant sur les autres, pousse son fanatisme jusqu’à la possibilité du meurtre pour préserver son « paradis » qui à cette seconde même est perdu pour toujours.

Je trouve que ce film illustre bien l’obstination humaine à vouloir défendre une idée qui semblait bonne au départ mais qui n’est pas tenable sur la durée. L’Histoire a montré beaucoup d’exemples où la fin justifie les moyens. C’était la devise des anarchistes russes quand ils ont renversé le tsar (cf. « Les Justes » d’Albert Camus, « La Ferme des animaux » de George Orwell), c’est la devise et l’auto-justification de tout régime totalitaire, de tout terroriste. Aucun idéal, aucun « bien supérieur » ne mérite la violence, l’assassinat, la maltraitance de ses semblables. Sal qui « commandait sans idéologie » se révèle un dictateur sadique et cruel. La seule solution est la dissolution du groupe.

La dernière image, un instantané pris sur un appareil photo jetable, est la seule matérialisation d’un bonheur fugace et pleinement vécu. Peut-être tous les paradis sont-ils destinés à être perdus pour qu’on puisse en éprouver la nostalgie et les regrets? C’est ce que suggère The Beach.

 

Pour en savoir plus:

La Plage (The Beach) est un film réalisé par Danny Boyle, sorti en 2000. Il s’agit d’une adaptation du roman du même nom d’ Alex Garland (1996).

Richard est un jeune Américain parti en Thaïlande vivre une expérience en marge des circuits touristiques. Il est vite déçu de ne trouver que des Occidentaux en mal de sensations dans le quartier des routards de Kaosan. Une nuit, à l’hôtel, il rencontre Daffy, un homme fou qui lui parle d’une île légendaire et paradisiaque où vivrait une communauté repliée sur elle-même, en communion avec la nature. Le lendemain, Richard découvre le cadavre de Daffy, qui s’est vraisemblablement suicidé après lui avoir laissé la carte de l’île. Richard convainc un couple de jeunes Français, Étienne et Françoise, de l’accompagner dans sa quête de l’île. Celle-ci, inhabiée, est Koh Phi Phi Ley dans la Mer d’Andaman, au sud de la Thaïlande. Mais le paradis tourne vite à l’enfer.

(source : Wikipédia)

Une réflexion sur “Avant sea, sex and sun, La Plage

  1. Ce film m’a interpellé et provoqué. Je dirais que le bonheur est éphémère lorsqu’on le chercher à l’exterieur de nous-mêmes! Il peut durer comme un état d’être, en nous, lorsque l’on est alligné avec notre mission de vie, lorsqu’on a compris que l’amour est en nous et que l’on s’est libéré pour pouvoir accéder avec facilité à cette 3ème dimension.

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