Quand on a eu l’un des plus beaux festivals du monde comme jardin de sa jeunesse, qu’on a vu passer les plus grandes stars dans sa rue, qu’on a pu voir parfois les mêmes groupes mythiques à vingt ans d’intervalle, que reste-t-il encore comme émerveillement possible ? Parfois une soirée qui sort de l’ordinaire et qui conjugue énergie, fun, nostalgie et pop attitude atemporelle.

Ce fut le cas hier soir à l’Auditorium Stravinski avec le concert des Pet Shop Boys. Ils ont fait traverser le temps à leurs albums Actually (1987) et Introspective (1988), dont je me souviens de la cover colorée, ont ressuscité leurs succès des eighties en les faisant passer sans problème pour du Daft Punk en plus dandy et plus décalé. Ils ont réussi à assimiler la modernisation et la digitalisation d’un show lumineux et acidulé tout en gardant leur dérision sérieuse jusque dans leurs productions plus récentes avec comme point d’orgue l’excellent Pop Kids. La voix flegmatique de Neil Tennant est le contrepoids mélancolique aux sons dansants ultra-maîtrisés du très lucide Chris Lowe : “People want fun from us, a bit of a party, a bit of irony, with something a bit intellectual thrown in, the odd historical reference.” Nous avons eu tout ça hier soir à Montreux. We all felt like Pop Kids.