
Au retour de la mine, Joyeux m’a apostrophé de son air euphorique sous xanax: « Belle journée, hein ? » Sans attendre ma réponse, il a continué sur l’allée en sifflotant, son piolet sur l’épaule. Cet air me sort par les oreilles. A-t-on rien inventé de plus débile que hi-ho-hi-ho-on-rentre-du-boulot ? Moi, je suis vanné. Vivement la grève. Ou la couette. Je rêvais de mon lit et du moment où je me retournerais dans ma propre odeur quand je me suis encore fait bousculer : « Hé Dormeur, avance ! ». Cette fois, c’est Atchoum. Je vais me bouger un peu. Pas qu’il me refile ses germes, cet abruti. Prof, ce pédant, nous a dit à tous de bien nous tenir et de ne pas gâcher le travail. Provoquer un éboulement avec nos âneries, ce serait ballot. Travail, travail, travail, rien que le travail. C’est tout ce qu’il a à dire. « Le travail, c’est la santé. Au travail, le travail pense pour nous. La vie fleurit par le travail ». Et puis, quoi encore ? Peut-être que le travail pense, mais la paresse songe. Ce n’est pas de moi, mais ça me va. La nuit, je rêve qu’un diamant apparaît, comme par magie. Sans effort, il est là, il brille et illumine nos vies de sa simple présence. Et avec les gars, nous le préservons, nous en prenons soin. Nous savons que sinon il disparaitra comme il est arrivé. Ou qu’on nous le jalousera, qu’on nous le volera. Le monde, au-delà des sept montagnes, est bien hostile pour sept nains comme nous.
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